La fierté d’être Wallon (2) : I.2. Le passé forge le présent et le présent prépare l’avenir – Pourquoi le Plan Marshall ne peut pas apporter une véritable réponse au mal wallon ?

By | 1 avril 2022

Ci-après un extrait de l’essai publié en 2009 « La fierté d’être Wallon » (éditions La Kallah), au moment du lancement du Plan Marshall après le flop de 2 contrats d’avenir.

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Le Plan Marshall – Exécutif wallon – 2005

En septembre 2005, le gouvernement wallon approuvait un plan coordonné d’actions prioritaires visant à assurer le redressement socio-économique durable de la Wallonie… Rien que cela. Il portait le nom de « plan Marshall ».

Etabli pour la durée de la législature, ce plan visait initialement à injecter près de 1,0 milliard d’euros dans 5 axes prioritaires « identifiés comme les plus porteurs de développement » : la création de pôles de compétitivité, la stimulation de la création d’activités, l’allègement de la fiscalité sur l’entreprise, le renforcement de la recherche et de l’innovation, et l’amélioration des compétences pour l’emploi(1).

EN ROUTE VERS LE « PLAN MARSHALL 2.0 » !

Après analyse de l’évaluation, le Gouvernement wallon a décidé, ce vendredi 3 avril 2009, l’adoption future d’une série de dispositions destinées à répondre aux recommandations du Délégué spécial et des évaluateurs.

Il a également décidé de pérenniser, dès à présent, la politique phare du plan Marshall, à savoir les pôles de compétitivité, innovation essentielle de cette législature. Ceux-ci disposeront ainsi d’une base décrétale.

En outre, s’appuyant sur les recommandations de l’évaluation, sur les recommandations du CESRW, mais aussi sur les conclusions de démarches telles que la Commission « Zénobe » ou les Assises de la Recherche, le Ministre-Président réunira un groupe de travail intercabinets qui sera chargé de formuler des propositions de lignes de force à la poursuite du Plan d’actions prioritaires pour l’Avenir wallon – ce « plan Marshall 2.0 » évoqué lors du discours des Fêtes de Wallonie qui seront présentées prochainement.

Les cinq raisons pour lesquelles le Plan Marshall ne peut pas fonctionner

Ingénu ?(2) L’absence de finalité

La finalité du Plan Marshall n’a jamais été précisée de manière claire et nette. Le plan ne comportait pas d’objectifs chiffrés. La finalité, pourtant, est évidente : assurer aux Wallons la capacité de payer eux-mêmes leurs charges, sans avoir à quémander des moyens à leurs voisins. En clair, l’objectif assigné à un plan de redressement de la Wallonie devrait être de générer 6 milliards d’euros(3) chaque année (de richesses nouvelles), soit la somme que déboursent les Flamands et les Bruxellois pour soutenir les Wallons.

Un leurre ? L’absence de budget supplémentaire

Le 1,2 milliard d’euros (300 millions par an) finalement injecté par l’exécutif wallon n’est pas de l’argent nouveau. Ce budget provient, en partie, de la vente des actions détenues par la Région wallonne dans l’ex-Cockerill Sambre et, en partie, de réaffectations budgétaires. Cela signifie que des activités plus ou moins rentables aux niveaux économique et/ou social ont vu leur financement supprimé ou diminué, générant ainsi une perte de richesse pour la Wallonie.

Pathétique ? Une peau de chagrin

Le gouvernement wallon nous a vendu un plan de plus d’un milliard d’euros. En réalité, le Plan Marshall n’injecte que 300 millions d’euros par an dans le circuit économique. Cette somme est à comparer avec le budget annuel de plus d’un milliard d’euros consacré au Forem et à celui du Plan Logement. En clair, on dépense, au minimum, trois à quatre fois plus pour gérer les conséquences de la crise que pour donner un coup de fouet à l’économie. On ne cesse d’investir pour pallier les conséquences des politiques passées au lieu de miser sur le futur.

Distraction ? Une goutte d’eau dans l’océan

Si l’on choisit un multiplicateur économique de 4, ce qui serait totalement extraordinaire (à titre d’exemple : vous déposez un euro à la banque et vous en récolteriez quatre douze mois plus tard), le produit net du Plan Marshall devrait s’élever à 1,2 milliard d’euros par an, ce qui serait totalement insuffisant pour pouvoir renoncer à l’aumône flamande et bruxelloise.

Comment peut-on construire un plan en sachant que l’on sera, au mieux, à 25% de l’objectif nécessaire ?

Lucidité ? Une cible inadéquate

Quoi que l’on nous dise – et nous y reviendrons ultérieurement -, le Plan Marshall mise tout sur les technologies et les produits et n’y associe pas les marchés. La Wallonie persiste à adopter une vision d’ingénieur et pas de commerçant. Pourtant, de nombreuses innovations sont passées par des commerçants : pensons à la route de la soie et aux ports hanséatiques.

Un mot sur les Fonds structurels européens : Objectifs 1 et 2

La Région wallonne est la seule région d’Europe qui, après avoir reçu des fonds européens, va plus mal après qu’avant ! Et en particulier, le Hainaut.

Quant aux pratiques politiques, peut-on parler de l’honneur perdu des Wallons dans les affaires, dans les pratiques ? Je veux autre chose.

Où est la fierté d’être Wallon ?

Dans une société malade, on étudie ses malades. Dans une société en mouvement, on étudie la direction vers laquelle on va.  

L’on oppose souvent les réalistes aux rêveurs. Le problème n’est pas la réalité qui est là et connue. Le problème réside dans la direction à prendre, dans la vision au sens de Sénèque : « A celui qui ne sait vers quel port aller, aucun vent ne sera favorable. »

Celui qui tente de construire une vision sur la base d’une réalité n’est pas un rêveur.

(1) Précisons que les clusters « découverts » par le Plan Marshall avaient déjà été étudiés par l’Université de Liège : « Analyse des clusters stratégiques de la Région wallonne – Document de synthèse », Etude réalisée d’août 1997 à mai 19998, Ulg. 
(2) « La folie consiste à répéter à l’infini la même opération en espérant que le résultat va changer » – Albert Einstein 
(3) Selon une étude de la BNB publiée le 18 septembre 2008 : « Transferts et mécanismes de solidarité interrégionaux via les budgets des administrations publiques », téléchargeable sur www.bnb.be

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A lire:

https://jacqueslitwak.lu/la-fierte-detre-wallon-1-i-1-le-passe-forge-le-present-et-le-present-prepare-lavenir-de-plan-en-plan/

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