BHV, les citoyens et … le vote

By | 13 novembre 2007

Afin de sortir de la crise par le haut :

A moyen terme, je propose* :

– la mise en place d’un nouveau système électoral articulé autour de deux scrutins.
Concrètement, on vote sur ce qu’on va faire et ensuite on vote sur qui va s’en occuper.

– la mise en place d’un Service Citoyen obligatoire.

A court terme, je propose le retour aux urnes.

Comment en suis-je arrivé là ? Commençons par le début.

1. Aujourd’hui

J’ai, comme toutes les citoyennes et tous les citoyens de ce
pays, entendu et lu beaucoup de choses depuis les élections du 10 juin 2007. Un peu de surf sur le Net et sur
Medium4you.be permet de les retrouver assez aisément avec les mots clés Flandre,
Wallonie, Bruxelles, Belgique, Royaume, Houard Marie-Claire, Aernoudt Rudy,
Leterme Y., Reynders D., Dedecker J.M., Van Rompuy H., Madame NON, Monsieur
nœud papillon et les autres… Ah,
j’oubliais : B.H.V.

J’ai entendu que l’heure était grave. Que cela allait mal.
Que le pire était à venir. Que c’était la loi du plus fort. Que la Belgique
était en crise. Que cette crise avait battu toutes les autres. Le record de
longévité !

Les gens qui ont du
boulot bossent, les autres en cherchent, les derniers se reposent, se soignent
ou étudient. En ce qui me concerne, on
me parle de crise depuis 1976.

Fatiguant, fatiguant, fatiguant.

Ils (et quelque elles) jouent dans leur bocal. Bon, un peu
de théâtre chaque jour. Un « café-clach » une fois par semaine,
un animateur TV qui passe son temps à couper la parole à ses propres invités,
la dramatisation avant le dénouement sensé nous soulager, ça va. Par petite
dose. Mais là; Burn out ! L’information formatée. Les compte-rendus du
jeu… Le show politico-médiatique ou médiatico-politique. La dictature de
l’émotion accompagnée de celle de l’instant.

Révoltant, révoltant, révoltant.

Eh, les gars, il ne s’agit pas d’un jeu. Il s’agit de la vie
des habitants de ce pays. Accessoirement, il s’agit de notre argent. Pensez
donc des cabinets ministériels qui tournent … à ne faire presque rien.

2. Flash back.

Mars 2007, la campagne électorale démarre.

Quelle campagne électorale ? Les régionales ? Non, ça c’était en 2004. Les communales ? Non, ça c’était en 2006. Mais c’est bien sûr, j’avais oublié. C’était
la campagne électorale pour les LE.GIS.LA.TI.VES (articuler s’il vous plait).
Renouveler la Chambre et le Sénat. Un scrutin national, il paraît.

Un bac à sable?
Non, deux grands (celui du nord
et celui du sud) et quelques petits.

De quoi nous ont-ils (elles) parlé pendant cette campagne ?

Les verts, c’est net, du climat et des gens.

Les bleus, de la gouvernance et des rouges à Charleroi, dans
les logements sociaux, à Huy (non, là ils ont oublié) et des impôts.

Les rouges, du ministère des finances qui serait mal géré et
des gens qui se porteront mieux grâce à eux. Ils ne sont au pouvoir que depuis
20 ans, le temps de prendre une douche …

Les oranges, qu’il faut du respect (et ça c’est vrai) et
qu’ils (elle) n’auraient (aurait) pas d’exclusive pour aller au pouvoir. Parce
que 8 ans, c’est long… dans
l’opposition.

Ce dont ils et elles tous ensemble n’ont quasiment jamais ni
parlé ni même évoqué, ce sont les préoccupations des autres communautés de ce
pays. Les deux autres communautés,
car il y a les néerlandophones (on dit les flamands) et les germanophones.

Cela, c’était pour les francophones. Ma communauté.

En Flandre, on allait voir ce qu’on allait voir. Presqu’un
siècle que la marmite est sur le feu. 30 années qu’il y fait chaud (surtout
avec les mises au frigo régulières parce qu’il n’y a pas d’autres solutions
raisonnables). 8 ans que l’eau bout, que les Wallons sont encore plus fainéants
et mauvais gestionnaires. Et maintenant, les élections. Mesdames et messieurs
les Flamands, seuls on sera les plus forts. Même si c’est impossible ici comme
ailleurs.

En communauté germanophone, la campagne a porté sur … euh…
je ne sais pas.

En résumé, les citoyennes et citoyens ont été amenés à voter
sur tout sauf sur les enjeux des autres communautés.

J’appelle cela de la tromperie
dans un pays qu’il soit fédéral ou non. Nous avons, pour la plupart, été
trompés. Les partis et les candidats connaissaient les enjeux. Et s’ils ne les
connaissaient pas … Notez les gars, que ceci n’a rien à voir avec le type de
scrutin (proportionnel ou majoritaire, circonscriptions régionales ou
fédérale).

Il s’agit de loyauté
de l’élu(e
) sortant(e) ou de la /du nouveau candidat(e). Il s’agit avant tout
d’expliquer les enjeux du scrutin. Cela, c’est le premier problème de fond.

3. Le bocal

Le réel problème n’est évidemment pas B.H.V., ni d’ailleurs
le Lion de Waterloo avec ses drapeaux. Ce ne sont que des symboles destinés à
occulter la réalité. Du pain et des jeux …

Outre la question de la loyauté évoquée ci-avant, le
deuxième problème de fond, c’est le système proportionnel qui mine notre pays
depuis des décennies accompagné par un découpage en fiefs, véritable retour au
Moyen âge.

Né civilement en 1976, je pensais, jeune sot, que le système
proportionnel était le plus démocratique. « Car toutes les tendances
étaient représentées au Parlement » disait le Professeur à
L’U.NI.VER.SI.TE (articuler s’il vous plait).

Cela est faux. Pourquoi ?

Tout d’abord, un
petit détour
.

° Quel est l’enjeu
d’un système démocratique ? Le pouvoir ? Quel pouvoir ? Pour
quoi faire ?

Article 33 de notre constitution : « Tous les
pouvoirs émanent de la nation. Ils sont exercés de la manière établie par la
Constitution »

Où est la nation belge? De quels pouvoirs
s’agit-il ?

De la brume qui recouvre le peuple, montent (de préférence
lentement, mieux très lentement car cela permet d’éviter de voir et de
l’entendre le peuple, le laid peuple comme on dit à Liège) les pouvoirs que la
nation – enfin le peuple – confie à ceux et celles d’en haut.

Lisez-bien. Cela ne veut pas dire que la nation a le
pouvoir.

Dans les faits, chez nous aujourd’hui, cela signifie qu’il
leur faut pour avoir une majorité, pour avoir le pouvoir (ils, enfin les
machins, ….les partis) NE.GO.CIER (articuler s’il vous plaît). Cela, c’est bien
parce que le peuple n’est pas là, le laid peuple quand ils (elles) négocient.

° Quelles lectures avoir de ce qui
se passe maintenant ?

a) soit
il existe un « accord » – non disons un laisser faire opportunément
exploitable – entre les (certains) partis de l’orange bleue pour permettre le
tournage d’un grand show médiatique et de l’émotion permettant néanmoins
d’aboutir à un gouvernement et de postposer une fois de plus les problèmes
institutionnels incarnés et excités par les extrémistes des deux principales
communautés de ce pays.

b) soit
d’aucuns (d’aucune) ne souhaitent absolument pas l’orange bleue et veulent poursuivre la chimère socialiste. Cela rend les choses impossibles …

c) soit les deux hypothèses agissent conjointement en forces
centripède et centrifuge en même temps mais sur deux axes différents.

Ceci est la vision dans le bocal,
dans les systèmes proportionnel et particratique actuels.

Pourquoi, disais-je ?

Parce qu’il y a aussi une tromperie structurelle. Elle est dans le système lui-même : conclure
des alliances après les élections plutôt que conclure des alliances avant les
élections, quand les citoyens peuvent connaître
les alliances
. Quand les citoyens peuvent connaître le contenu des projets
de gouvernement.

Ex : Vous choisissez de
soutenir un parti qui formule
100 propositions avant les élections. 52
vous plaisent. Ce parti arrive à la table des négociations parce qu’il a gagné
les élections (mais souvent parce qu’il les a perdues). Une coalition se forme
et cas extrême, ce sont les 48 propositions qui ne vous plaisaient pas qui se
retrouvent dans le programme gouvernemental.

Dans un scrutin majoritaire, la liste (consortium pré-électoral)
gagnante applique son programme. Intégralement ? Non, parce qu’ils et
elles changent parfois de position une fois au pouvoir et parce qu’il y a dans
certains pays le troisième tour « social ». Celui de la rue.

Problème de
Loyauté ? Oui, le respect du suffrage universel par les battus et … par
les gagnants.

Mais alors, que faire ?

Un second détour.

° Y a-t-il aujourd’hui un problème linguistique en
Belgique ?

Eh bien oui. Et un fameux.

Tout d’abord, c’est que la langue wallonne et la langue
flamande n’existent pas. Il y a des wallons et des flamands. Des patois, des idiomes qui sentent bon la
terre ou les terrils des grands-parents. Qui chantent au vent et résonnent la
mémoire des familles. Celles des arbres de SERVAIS, du plat pays de Brel et des plaines d’Hugo Claus. Idem pour les
germanophones de chez nous ou du Grand Duché.

Il y a aussi un néerlandais, un français, et un allemand.

Donc il y a trois langues nationales.

Oui. Mais surtout il y a le besoin de communication entre
nous et celui avec les autres, ailleurs dans le monde. Et là nous trouvons
l’espagnol, le chinois, le hindi, l’arabe, mais surtout l’anglais, l’anglais et
l’anglais.

En ce qui concerne nos trois langues nationales,
comprenons-nous que nous faisons tous partie de minorités linguistiques sur
cette planète ?

30 millions de pratiquants pour les néerlandophones, 300
millions pour les francophones (dont 80 millions avec un pouvoir d’achat proche
du nôtre) et 100 millions de germanophones.

° Y a-t-il aujourd’hui un problème économique en
Belgique ?

Eh bien oui. Et un fameux dans l’écart entre la situation
économique de la région bruxelloise (la plus profitable), celle de la région
flamande « sympathique » et celle de la région wallonne
catastrophique. En particulier, sur son axe Liège-Charleroi.

Pourquoi en est-on arrivé là ? Et si la situation de la
région wallonne était différente …

4. Réconcilier

Comment interpréter 1 million de votes blancs et nuls
lors du dernier scrutin ?

Comment expliquer qu’ils (elles) n’en parlent jamais ?

C’est le « parti » le
plus important du pays .

Qu’est-ce qui fait que des personnes aussi différentes que
Marie-Claire Houard (la pétition « Sauver l’unité de la
Belgique ») et Rudy Aernoudt émergent dans
l’actualité belge ?

Je les ai tous deux rencontrés. Chez Marie-Claire, ce qui frappe d’emblée c’est le cœur et l’on
découvre ensuite l’esprit. Ce qui
frappe chez Rudy, c’est l’esprit et ensuite j’ai découvert le cœur. Le tout pour les deux avec une
bonne dose d’humour et de dérision bien belge.

La vraie réconciliation –
IN.DIS.PEN.SA.BLE (articuler s’il vous plaît) car il existe de la méfiance, de
la suspicion, une rupture, de l’écoeurement et le pire, en conséquence de
l’indifférence de la part du plus grand nombre – passe par offrir aux citoyens
une réelle capacité de choix sur ce
qu’on va faire pour eux et pour les autres.

Et pour les partis politiques, non
pardon pour les êtres politiques (femmes ou hommes) sur leur capacité à gouverner avec rigueur, transparence et
loyauté
tout en ayant même le droit de se tromper pour autant que les
conséquences en soient toujours assumées.

A moyen terme, je réitère les propositions que j’ai formulées à la page
75 (et suivantes) dans l’essai « Démocratie ou démocrature, visite avec un
citoyen », 96p, éditions la Kallah*.

  1. Mise en place d’un nouveau système
    électoral articulé autour de deux scrutins
    :


Le premier scrutin (à deux
tours) doit porter sur les questions de société et les propositions de réponse
présentées par chacune des 9 formes majeures de pouvoirs (p 25) …..


Le deuxième scrutin doit
porter sur l’élection des candidats à la mise en oeuvre des réponses élues aux
questions de société.

Concrètement,
on vote sur ce qu’on va faire et ensuite on vote sur qui va s’en occuper.

  1. Mise en place d’un Service Citoyen
    obligatoire
    , véritable école permanente de la démocratie. Dans cette
    école, utilisant toutes les infrastructures existantes (et rien d’autre),
    seront enseignés notamment le processus démocratique, la loyauté, l’équité et le respect des
    minorités.

A court terme, je propose le retour
aux urnes
avec une explication détaillée de tous les enjeux et
l’organisation par les partis démocratiques d’une campagne électorale sur tout
le territoire et donc dans les autres communautés que la sienne.

Il est temps pour la classe
politique belge dans son intégralité et pour la classe médiatique dans son
intégralité de lever cette brume qui détruit – petit à petit – tout ;
l’élan, le cœur, les projets et même les amitiés.

Nous citoyens, attendons un acte de
loyauté vis-à-vis de nous.

Nous citoyens devont réapprendre à
respecter l’autre et devons apprendre la loyauté aux décisions prises.

Il y a là une occasion historique
de sortir « par le haut » (comme ils disent) de cette crise de trente
ans et d’approfondir la démocratie.

Un exemple à construire pour
toutes et tous, ici comme ailleurs.

* Les propositions ont été formulées à la page 75 (et suivantes) dans l’essai « Démocratie ou démocrature, visite avec un citoyen », 96 pages, éditions de la Kallah.
Ouvrage disponible au prix de 10,00 € TTC, frais de port inclus
Contact : caroline.collinet@medium4you.be

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