Y-a-t-il (encore) des LIBERAUX (IV) ? La prise de risque.

By | 17 novembre 2008

 Après un billet consacré au « sens des mots (I) » publié le 25 septembre, un billet consacré le 26 septembre à l’entendement (II) et un billet  consacré au débat démocratique (III) le 3 novembre, voici un billet sur l’économie (IV). Reste à venir un billet V. « En guise de conclusion ».

 IV. Et l’économie dans tout cela ?

Un point d’entrée majeur : Le point de vue du risque (qu’il soit ou non entrepreneurial) et en terme d’action, le point de vue de la prise de risque et de ses conséquences. 

Beaucoup de personnes en Occident, voire ailleurs, peuvent adhérer au proverbe chinois qui exprime qu’il vaut mieux apprendre à pêcher plutôt que de donner du poisson.

En route donc vers l’émancipation …

Les questions qui se posent particulièrement aux libéraux sont donc :

– Comment convaincre les êtres humains d’adhérer à leur philosophie politique :

 « apprendre à chacune et à chacun à pêcher » ?

Mais surtout d’un point de vue concret :

– Comment manger pendant qu’on apprend à pêcher et que maman et papa ne sont pas (plus) là ?

– Comment faire ensuite, le jour où il n’y a pas de poisson (par exemple pour cause de pollution ou  le jour de la réparation des outils de pêche) ?

Enfin, face aux changements majeurs en cours que sont la mondialisation (économique, médiatique,… et des pollutions de toutes natures), le « terrorisme » (dit de notre point de vue d’occidentaux), l’extension de l’Union Européenne (en réponse à la mondialisation ou en consolidation de la paix) , le déficit de l’éducation parentale et de la responsabilité de tous (élites politiques et intellectuelles comprises), la crise financière et celle de l’éthique des gens d’argent, il est ‘urgentissime’ de (re)définir ce que Monsieur de Tocqueville prédisait en son temps : « il faut une nouvelle science politique à un monde tout nouveau ».

Tout serait global nous dit-on. La politique et la démocratie ne le sont pas encore ? Pourquoi ?

Le 19 ème siècle a été marqué par la 1ère révolution industrielle ; celle du risque encouru par l’être humain face à des machines « balbutiantes » dans l’espoir du progrès social ; mais aussi déjà de la destruction naissante de la nature.

Notre époque est marquée par la 1ère révolution de l’information et celle du risque encouru par l’être humain face à la « (re)lobotomisation » des esprits surchargés de stimuli polluants, d’informations « débiles ».

Ne convient-il pas, face aux amalgames et aux totalitarismes des âmes, de développer une doctrine et de la faire connaître sans ambiguité aucune, même tacticienne ?

 A quoi cela sert-il que des partis pseudo-libéraux soient au pouvoir quelques années, si c’est pour voir tout se « faire détricoter » par les suivants qui, dans le système électoral belge, sont souvent des partenaires antérieurs et futurs ? Quand ce n’est pas faire de la figuration (individuellement très rémunératrice) dans des gouvernements évanescents, mous ou mensongers.

Le principal axe d’orientation pour la (re)fondation de cette idéologie afin de l’adapter aux défis de ce temps et aux défis à venir doit être le concept de la prise de risque.

Traditionnellement :  

– Pour le capitaliste, le risque connu c’est la perte du capital et du profit espéré.

– Pour la personne adulte, le risque connu c’est l’accession à un emploi et/ou une activité et c’est aussi sa perte potentielle.

– Pour l’environnement , le risque connu c’est la reconstitution de nos ressources naturelles  renouvelables ou non ainsi que la préservation de la « terre » lieu de survie de toutes les espèces   vivantes et parfois lieu de vie de l’être humain privilégié.

– Pour l’entreprise, le risque réside principalement dans l’innovation et l’adaptation quotidienne.

– Pour l’être politique, la prise de risque c’est le courage de s’engager dans le débat démocratique (voir ici) et donc le risque de disparaître.

Il est étonnant de constater dans notre pays que la plupart des personnes s’exprimant à propos de l’économie sont des personnes quasi-exclusivement rémunérées (directement ou indirectement) par l’Etat : politiciens, professeurs d’université, représentants d’organisations patronales ou syndicales, etc.
La difficulté avec ces personnes dont les points de vue sont souvent légitimes, et heureusement pour le débat, contradictoires, c’est qu’elles n’ont le plus souvent jamais pris de risque pour elles-mêmes alors que leurs décisions « impactent » les autres.
Il en est de même en ces temps troublés avec les dirigeants de Hegde Funds, les banquiers d’affaires et autres spéculateurs qui jouent (et c’est le cas de le dire) avec l’argent – mais surtout le travail – des autres.
Toutes ces personnes développent les unes l’illusion de la sécurité (en tentant de réglementer tout et donc au final …  rien) , les autres celle de l’aventure (accompagnées de lendemains qui font déchanter) le tout avec une grande cupidité financière et/ou égotique et en tout cas en l’absence totale de considération pour les êtres humains en état de nécessité qui ont à subir les conséquences de leurs actes.

Liberté de dire et de faire mais aussi et surtout responsabilité des conséquences.

Dès lors, je  pose trois questions:

  • Ne faut-il pas que chaque action à caractère public ou collectif inclue dans son processus de décision une analyse régulière de risque tant pour les auteurs/acteurs que pour les autres parties prenantes?
  • N’est-il pas temps – à nouveau – que les libéraux au sens de ce billet et des 3 précédents agissent en tant que tel dans la société fussent en étant en (ou dans l’) opposition moins rémunératrice en mandats et en honneurs mais parfaitement efficace? Il suffit afin de s’en convaincre de constater que certains partis n’ayant jamais (ou peu) accédé au pouvoir, n’en n’ont pas moins vu leur idées accaparées par ceux qui – au pouvoir – en ont perdu âme et créativité.
  • Y-a-t-il encore des libéraux … dans les partis politiques, dans les grandes organisations publiques, para-publiques ou privées ?

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