Genappe. Silence on gère pour vous !

By | 10 mars 2008

Bonne nouvelle !

Depuis vendredi dernier, la Région Wallonne est propriétaire du site de l’ancienne sucrerie de Genappe (145 hectares 57 ares 68 centiares).

La Région Wallonne a acheté ce site industriel désaffecté (à l’exception de silos de stockage (3 hectares) ) pour 5 millions d’€ … dans l’indifférence générale.

Oui, vous avez bien lu 5 millions d’€.

L’opération a été conduite par l’entreprenant Ministre CDH André Antoine, grand leader orange de la province du Brabant Wallon.

Mais qu’est-ce qui a donc poussé cet homme à acquérir cet espace situé dans le florissant Brabant Wallon plutôt qu’un site ou plusieurs site(s) des régions liégeoise ou carolo tellement sinistrées.
Enfin, quand j’écris qu’il a acquis, comprenons-nous bien c’est avec l’argent des autres (des citoyens) que notre éminence « entreprend ».

° Serait-ce parce que le site est sis dans sa province ?

° Serait-ce parce qu’il existe une grande opportunité de construire l’avenir à Genappe ?

° Serait-ce parce que c’est une « bonne affaire » ?

Eh bien, vous avez gagné. Ce sont les trois.

° Le Ministre est très intéressé par son fief en construction. Règles électorales obligent, agir ailleurs avec autant d’énergie rapporte moins.

° Oui, il existe une grande opportunité de construire l’avenir du CDH à Genappe où le leader orange local se rêve chaque matin cintré de l’écharpe maïorale conquise à feu son Maître le Bourgmestre de Genappe en fin de parcours.

° Quand à la « bonne affaire », elle est tellement bonne qu’on peut légitimement se poser la question du « comment cela se fait-il ? ».

Far West ?

Monsieur le Ministre conquiert Genappe avec de l’argent (qui n’est pas le sien) pour lequel il n’a reçu aucun mandat aux élections régionales de 2004.
L’annonce de la fermeture de la sucrerie est formulée par le propriétaire en janvier et les élections régionales ont lieu en juin 2004. Rien dans les programmes des partis politiques en course quant au rachat du site concerné en particulier celui du CDH.

Monsieur le chef de Cabinet du Ministre déclara vendredi dernier « nous l’avons acquis à un prix inférieur de 30% au prix actuel du marché » (le soir des 8 et 9 mars 08, page 13).

Et cette déclaration (répétée depuis des mois) n’interpelle personne ?

Comment se fait-il qu’un acteur économique privé cède un ensemble de terrains d’environ 142,5 hectares (quasi d’un seul tenant) situé dans le Brabant wallon à un prix inférieur à 30% du marché ?

Le site est-il pollué ? Si oui, le prix d’acquisition serait supérieur à l’annonce puisqu’il faudrait y ajouter le coût d’assainissement. De combien supérieur ?

Si non, la question demeure.

Personnellement, je ne connais aucun homme d’affaires qui fait un tel cadeau sans contrepartie.

Sans contrepartie?

Savez-vous que l’ancien propriétaire du site de la sucrerie de Genappe est aussi le groupe investisseur de l’usine de biocarburant de Wanze ?
Un lien entre les deux ? « Je te donne les autorisations ad hoc et tu me vends à bon marché le site qui m’intéresse » ? Autre chose ?
Il paraît légitime voire sain de se poser la question.

Surtout quand on sait que la société Value Added Europe SA, représentée par Monsieur Jacques Rassart, était conseillère de la Région wallonne pour le dossier Biocarburants (notamment en 2007 ; le soir.be 16-07-07) et représentait le groupe Südzucker pour la vente du site.

Pour être transparent avec le lecteur, je me dois d’écrire que j’ai rencontré cette personne après avoir comme citoyen et acteur économique de Genappe déposé offre auprès du propriétaire du site au prix de 6 883 000 € hors taxes et droit divers.
L’offre était assortie d’une condition de conformité des sols et sous-sols à la législation en matière environnementale (pollution et déchets).
Monsieur Jacques Rassart a rejeté l’offre au motif qu’elle fût insuffisante (sic !) et que le propriétaire se déciderait après les élections communales.
Par ailleurs, comprenons-nous bien, point de regrets, juste des questions.

Pourquoi – à ce prix là et avec les facilités de financement dont elle dispose notamment au travers des PPP (partenariat public privé) – la commune n’a-t-elle pas acheté le site afin d’être maître de son destin ?
Manque d’énergie ? Manque de vision ?
Les luttes intestines au sein de la majorité ainsi que les luttes avec l’opposition ont-elles tout bloqué ?

Après avoir connu les marchés publics surévalués, voilà qu’apparaissent les marchés sous-évalués.

Réserve(s) ?

L’on nous annonce, en outre, 350 logements (875 habitants), une maison de repos de 100 lits, des PME… Des zones comme des réserves indiennes.

Exit les 800 emplois directs accompagnés de 300 indirects annoncés par la Ville et l’Intercommunale du Brabant Wallon (IBW) (vers l’avenir du 31 mai 2005) ?
Exit Nova Genappia , le projet du CDH local (le soir du 7 mars 2006) ?

Les promesses et les effets d’annonces, n’engagent-elles que celles et ceux qui les reçoivent ?

En outre, des associations subsidiées ne représentant qu’elles-mêmes espèrent une réserve naturelle.

Il est de bon ton (c’est-à-dire dans l’air du temps) que chaque commune dispose d’une zone protégée. Mais de quoi ? De l’être humain ? Si oui, se peut-il que l’on « crée » des zones publiques dans lesquelles l’être humain ne va jamais. Vraiment jamais ?

Qui seront les indiens ?

Les petits (et grands oiseaux) ?
Devront-ils avoir la carte du clan du chef local, de la tribu du leader régional?

Est-ce une priorité ?

Quelle solidarité avec les êtres humains qui n’ont pas accès à l’eau potable, au logement, aux soins de santé ici et … surtout ailleurs?

Et à Genappe pendant ce temps là… il paraît qu’on gère.

Genappe, la ville où les questions se ramassent à la pelle comme les feuilles mortes de Jacques Prévert.

Genappe aurait-elle de manière rédhibitoire son avenir derrière elle ?

Genappe (et ses villages) – qui accueillit Louis XI, Napoléon, fût le chef lieu d’une mairie, d’un canton, d’une justice de paix, fût dotée d’industries de premier plan – est-elle condamnée à n’être qu’une Cité dortoir en périphérie du grand Bruxelles ?

Comment gérer les « ruraux » et l’afflux des "néo-ruraux" ?

Comment intègre-t-on les jeunes et les aînés?

Comment associe-t-on les activités économiques, sociales et naturelles?

Quel est le projet ?

Quelle est la vision ?

Où est le souffle ?

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